Le mercredi 6 février  s’est ouvert le procès des « hormones de croissance » où sept médecins et scientifiques sont poursuivis pour homicides involontaires et tromperie agravée. 111 personnes sont décédés de la maladie de Creutzfeldt-Jakob à la suite d’un traitement hormonal à partir d’hypophyse humaine.

Afin de remédier à un nanisme hypophysaire, c’est-à-dire un grave déficit de croissance, 1700 enfants ont été traités par des injections d’hormones de croissance de la marque France-Hypophyse issues d’hypophyses humaines entre 1973 et 1988. 111 d’entre eux sont décédés pour avoir reçu des injections contaminées par la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Les autres vivant dans l’angoisse de développer cette même maladie dans les années à venir, compte tenue de la durée d’incubation.
Dix-sept ans après le premier décès, s’ouvre enfin le procès, où pendant 4 mois sept prévenus poursuivis pour « homicides involontaires » et « tromperie aggravée », vont comparaître à la barre de la 31ème chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Les acteurs de cette abominable et douloureuse affaire ont pour la plupart aujourd’hui largement dépassé l’âge de la retraite compte tenu du fait que les procédures judiciaire des familles de victimes se sont heurtées à de nombreuses difficultés juridiques : les risques de prescriptions des délits poursuivis, et les innovations de la loi Fauchon du 10 juillet 2000 qui redéfinit les délits non intentionnels.

Cette catastrophe sanitaire, a fait de la France le pays qui compte le plus de cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob dans le monde : 58 % des cas à lui seul.

Au coeur de ce dossier figure France-Hypophyse, l’unité URIA de l’Institut Pasteur et la Pharmacie centrale des hôpitaux de Paris.

En effet, l’association France-Hypophyse dirigée par Jean-Claude Job, se chargeait de prélever les hypophyses sur des cadavres, l’unité URIA de l’Institut Pasteur dirigée par Fernand Dray de préparer le médicament, et la Pharmacie centrale des hôpitaux de paris dirigée par Henri Cerceau d’en assurer la distribution et la commercialisation.

Selon la juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy la contamination n’a été possible « qu’en raison des multiples fautes caractérisées à tous les stades de l’organisation française du traitement par l’hormone de croissance extraite d’hypophyses humaines ». C’est suite à des négligences que des lots de poudre d’hormones étaient contaminés par le prion, l’agent infectieux de la maladie de Creutzfeldt-Jakob comparable à celle de la vache folle. Notamment du fait que les hypophyses prélevées provenaient de patients décédés de maladies nerveuses dégénératives dans des centres de neurologie.

Jusqu’au 14 février les thèmes du procès seront consacrés à l’organisation de France Hypophyse, de l’état des connaissances scientifiques sur la Maladie de Creuzfeld-Jacob à cette époque et les alertes sanitaires de 1979 et 1985 de l’Inspection Générale des Affaires Sociales.

Caroline Genestier