Jeudi 31 janvier 2008 Une petite équipée de parlementaires PS, affublée d’une cinquantaine de journalistes, se donne NEUILLY,…

Jeudi 31 janvier 2008

Une petite équipée de parlementaires PS, affublée d’une cinquantaine de journalistes, se donne NEUILLY, ce jeudi, comme direction pour une opération de campagne siglée Logement.

Avec une côte de désamour du Président toujours à la hausse ( un sondage Sofres estime ce jour à seulement 41% le pourcentage de Français lui faisant toujours confiance), l’idée d’une visite coup de poing au cœur de la ville de Nicolas Sarkozy semblait osée, mais envisageable. A cinq semaines des élections municipales, le PS veut attaquer : plein feux sur la crise du logement, le foncier et l’habitat social ou à loyer modéré. Pour une demi-journée de « Parlement hors les murs », avec une quinzaine de représentants (sénateurs et députés) se transportant sur le terrain…

L’idée étant, pour les socialistes, de faire d’une pierre au moins trois coups : du municipal, du cantonal, et bien entendu du national. Avec dénonciation du bilan du Président à l’appui… L’opération de communication, une fois n’est pas coutume, semble digne de ce nom. Et, une fois n’est pas coutume, la presse est au rendez-vous. D’une sortie pour laquelle deux bus (de couleur rouge) ont été affrétés.

De l’Assemblée Nationale, en passant par le Sénat, départ pour NEUILLY, mais avec un détour en premier lieu par PALAISEAU. L’idée est simple : démontrer par A + B que, en termes de logement, gestion de gauche et gestion de droite, ce n’est pas la même chose.

PALAISEAU, municipalité socialiste, incarne ce jour-là la « ville vertueuse ». NEUILLY, le fief du Président, incarne, à l’inverse, la municipalité qui ne fait aucun effort pour se débarrasser de son image de « ghetto de riches », au contraire. Le duo Ayrault-Hollande, très rôdé, nous explique que ces deux villes pourtant ont un point commun : toutes deux sont soumises à un plan de rattrapage de construction de logement sociaux pour atteindre le seuil de 20 % imposé par la loi SRU. Or voilà, c’est comme mathématique : l’une, récupérée par les socialistes, a depuis « mis le paquet », quand l’autre, promise dans un futur proche à David Martinon, porte-parole et (ex- ?) chouchou du Président, continue de faire fi…

A PALAISEAU (canton par ailleurs crucial dans la bataille que livre l’UMP au PS pour reprendre le département de l’Essonne) les parlementaires retrouvent le chef local François Lamy (député maire) qui guide le petit monde sur le chantier d’un « écoquartier » à venir, du bâti sur un terrain préempté, qui comptera bien entendu 30 % de logements sociaux. Ce entre pelleteuse et amas de terre sablée… A NEUILLY, c’est un terrain qui appartenait à l’Etat et sur lequel deux groupes privés construisent, face à l’Ile de la Jatte, des logements « grand standing » dont certains de 341 m2. Pour les socialistes, voilà deux manières d’appréhender la situation, et de participer, ou non, à la solidarité territoriale, en faisant preuve, ou non, de volonté municipale… NEUILLY restant à environs 3% de logement social…

Les journalistes durant le déplacement crient à la caricature, mais semblent en partie reconnaître que la démonstration n’est pas sans pertinence et brillance dans les formes. « Ce qui est caricatural, ce sont les politiques mises en œuvre » s’exclame François Hollande. La provocation à NEUILLY est certes grande, mais, les pieds dans la boue et ayant semé une belle petite zizanie sur un chantier peu praticable et dont le contremaître n’avait pu être prévenu, les socialistes répliquent qu’il n’y a pas de zone interdite en République. Fut-ce dans les Hauts-de-Seine.

Alors le PS serait-il sur le point d’être capable de reprendre la main ?
Jean-Marc Ayrault et ses collègues en profitent pour annoncer un projet de loi en cours d’élaboration qu’ils viennent de donner pour avis aux associations du logement, avant dépôt. Le texte prévoit par exemple, côté SRU, que l’Etat se substitue aux communes défaillantes.

Il faut donc comprendre que leur stratégie ne se résume pas à l’exploitation du trou d’air sondagier…
Et c’est donc un peu ce jour-là comme si le vieux parti, si souvent décrié comme trop déconnecté du réel, voulait se montrer capable de renouveler ses pratiques communicationnelles, quitte à faire à leur sauce du Royal, ou du Sarkozy, en venant chercher le symbole et mettre, devant caméras, les pieds dans le cambouis.

Pas de triomphalisme pourtant : rien n’ai gagné, nous disent-ils ce jour-là. « Les socialistes ne doivent pas tomber dans l’euphorie », insiste un François Hollande pourtant bout-en-train et très en verve, ce jour-là, à l’aune de son dernier combat en tant que patron du Parti.

Face à l’île de la Jatte, lieu si emblêmatique (rappelez-vous les articles du Canard Enchaîné, pendant la campagne, sur cet appartement de Nicolas Sarkozy, revendu entre temps…) on les sent un moment pourtant comme conscients de la force du défi.

Karine Yaniv,

Image: Morgann Martin
Montage: Smain Belhadj