Après la proposition de la commission Attali de « déréglementer » leur profession, des centaines de chauffeurs de…

Après la proposition de la commission Attali de « déréglementer » leur profession, des centaines de chauffeurs de taxi ont bloqué la Place de la République et remettent ça ce mercredi dans toute la France.

Notre président se plaint du manque de taxis dans la capitale, mais ce jour là ils étaient nombreux. Mercredi 30 janvier, des centaines de taxis ont bloqué la circulation de la Place de la République (Paris 11ème) pour protester contre la proposition du rapport Attali de « déréglementer » leur profession.

Caméra embarquée dans un taxi, LaTéléLibre a suivi Serge Vormese, conducteur et délégué syndical, pour tenter de comprendre les revendications de ces chauffeurs en colère. Leur principale inquiétude concerne le projet d’ouvrir l’accès à la profession – actuellement réglementé par la Préfecture – à 6000 nouveaux taxis en 2008. Les conducteurs, qui reconnaissent les prix élevés des courses, préviennent que la mesure ne les fera pas baisser.

Si l’afflux de taxis fait diminuer le nombre élevé de courses effectuées par chacun, ils seront obligés d’augmenter les tarifs pour maintenir leur pouvoir d’achat. Autrement ce serait travailler moins pour gagner moins. Les chauffeurs de taxi sont également scandalisés de la proposition d’attribuer désormais des licences gratuites. Pour devenir taxi à l’heure actuelle, il faut en effet acheter une licence à un autre chauffeur, qui prendrait sa retraite par exemple, ou faire une demande à la Prefecture qui les délivre au compte goutte. Le prix actuel de la licence serait d’environ 170 000 euros, ce qui oblige la plupart des chauffeurs à s’endetter sur près de 10 ans. « Un droit féodal », pour l’économiste Jacques Delpla, membre de la commission Attali qui répond aux inquiéts que «l’offre va forcément créer la demande». A voir. Les chauffeurs de taxi se montrent en tout cas furieux de voir la licence devenir gratuite, eux qui se sont endettés pendant des années pour l’obtenir, et qui comptent sur sa revente pour améliorer leur retraite.

Dur pour un chauffeur en train de rembourser son prêt de s’entendre dire qu’il va payer pendant des années pour quelque chose qui n’a plus aucune valeur. Une idée de Bertrand Delanoé pourrait peut être apaiser ce point précis, le Maire de Paris a en effet proposé le rachat par l’Etat des licences, au prix du marché.

Reste que les chauffeurs de taxi, qui mettent en avant des salaires moins élevés que ne le font croire les clichés sur la profession, ont le sentiment d’être des victimes du rapport Attali. Par ailleurs, la déréglementation prônée par celui ci concerne également d’autres professions, coiffeurs, notaires, ou pharmaciens, dont les représentants se sont déjà prononcés contre. « Le gouvernement nous méprise. Il nous impose de reconduire notre manifestation sous une forme plus dure » a déclaré la Fédération nationale des artisans du taxi (FNAT), principal syndicat de la profession, après avoir été reçue mercredi soir au Ministère des Finances.

Une nouvelle journée de protestation est prévue mercredi 6 février.

Article: Joseph Hirsch
Sujet: Joseph Haley