Polémique après l’affirmation de Christine Boutin qu’elle ne « croit pas en un plan banlieue. »Dans une interview accordée lundi 14 janvier à La Croix, la Ministre du Logement, qui aborde la question des banlieues, évoque ses solutions à l’enclavement des quartiers populaires, et tacle sévèrement Fadela Amara en déclarant : « Je ne crois pas en un plan banlieue. »

A lire l’intégralité de l’interview, on n’a pourtant pas le sentiment que les analyses de la ministre du logement s’opposent à celles de sa secrétaire d’Etat. Un plan banlieue n’exclue en effet pas la réponse « globale » et la « nouvelle politique de la ville » réclamées par Mme Boutin. Mais tout l’objet de sa sortie, c’est justement d’expliquer en quoi Fadela Amara, à qui elle a « donné la liberté qu’elle demandait », n’apportera pas avec son plan banlieue de réponses suffisantes. Alors que l’on attend avec impatience la révélation du contenu de ce « Plan égalité des chances » le 22 janvier, Mme Boutin semble avoir déjà prévu l’échec et l’insuffisance des solutions proposées.

Difficile de ne pas y voir une volonté délibérée de décrédibiliser à l’avance une Fadela Amara très attendue, et dont le plan banlieue devrait être le grand test. Car si nombreux sont les observateurs et les associations de terrain à poser la question des capacités réelles de l’ancienne présidente de Ni Putes Ni Soumises à élaborer un plan qui réponde aux questions criantes des banlieues, il en va autrement quand les doutes sont exprimés par sa ministre de tutelle en personne. Laquelle a depuis tenté d’atténuer ses propos en déclarant sur France info : » il n’y a aucun problèmes entre Fadela Amara et moi ». La mésentente entre les deux femmes n’est pourtant un secret pour personne, et cette déclaration publique ressemble fort à un début de clash ouvert, après des mois d’un conflit politique et personnel larvé.

L’entourage de la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville n’a d’ailleurs pas tardé à réagir, en déclarant à propos des deux rivales que « le départ de l’une n’entraînera pas le départ de l’autre ». Manière de dire que Fadela Amara tient à son indépendance, et qu’elle ne serait pas bouleversée à l’idée de continuer son plan avec un autre ministre si un remaniement ministériel venait à intervenir.

Sautant sur l’occasion, le Parti Socialiste, par l’intermédiaire de Razzy Hammadi, s’est empressé de dénoncer « des contradictions plus qu’inquiétantes au sommet de l’Etat ». Le bien nommé « Secrétaire national à la Riposte » du PS semble pourtant partager l’avis de Christine Boutin, puisqu’il accable le plan banlieue, « plan de communication », « esbroufe ministérielle », et parle de son financement comme d’une « illusion ».

Pour Fadela Amara, la polémique aura au moins un mérite : Elle aura toute l’attention pour elle début février.

Joseph Hirch