Le 17 décembre dernier, Thomas Dandois, Pierre Creisson et leur chauffeur Al Hassane ont été arrêtés au Niger.…

Le 17 décembre dernier, Thomas Dandois, Pierre Creisson et leur chauffeur Al Hassane ont été arrêtés au Niger. Pour être rentrés en contact, sans autorisation, avec la rébellion touareg du nord du pays, les autorités nigériennes les accusent «d’atteinte à la sûreté de l’Etat». Ils risquent la peine de mort.

Pour Signer la pétition demandant leur libération

C’est le soir du 17 décembre 2007, aux alentours de minuit, que Sébastien Camicas, ami et producteur associé des deux journalistes au sein de la société Camicas Production, apprend la nouvelle.

Un sms bref mais lourd de conséquences : «arrestation, prévenir Quai d’Orsay». 4 jours après Thomas et Pierre étaient incarcérés dans le centre pénal de Kollo, à une vingtaine de kilomètres de Niamey.

Les deux journalistes travaillaient pour le magazine Arte Reportage. Leur but était de faire une «photographie» du pays, plus particulièrement de la région nord, zone où sévit la rébellion touareg du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ).

La région où ils ont pénétré est interdite aux journalistes depuis août dernier. Les reporters décident de contourner cet interdit en profitant d’une autorisation de tournage pour un reportage sur la grippe aviaire dans le sud du pays, Pierre et Thomas se rendent alors dans le nord et rencontre notamment le chef des rebelles.

C’est sur le chemin du retour, à deux cents kilomètres de la capitale, qu’ils seront arrêtés, matériel et k7 de tournage seront confisqués. Quelques jours après, la sentence tombe : «atteinte à la sûreté de l’Etat».

Sébastien Camicas, ne conteste pas le fait qu’ils aient pris des libertés avec la législation, mais de là à les condamner à la peine capitale … À la veille de Noël, les familles des deux journalistes ont lancé un appel à la clémence au président nigérien Mamadou Tandja. Appel resté sans réponse jusqu’à ce jour.

Thomas Dandois et Pierre Creisson se retrouvent prisonniers de gros enjeux. D’abord, Niamey pourrait se servir de cette affaire comme exemple et rappeler qu’il est interdit d’approcher la rébellion touareg. Ensuite, le Niger pourrait utiliser les deux journalistes comme moyen de pression sur la France et la multinationale Areva. Cette dernière exploite en effet les gisements d’uranium localisés dans la région où est implantée la rébellion. Les autorités nigériennes suspecteraient Areva de soutenir le MNJ. Pour finir, il semblerait que les relations entre les présidents français et nigérien ne soient pas au mieux. Nicolas Sarkozy a en effet, lors de la libération des infirmières bulgares, accordé des faveurs à la Libye, pays lui même accusé par le Niger de soutenir les rebelles du MNJ.

Les proches des deux journalistes français ont lancé un nouvel appel à la clémence au président Tandja, dans les colonnes du Monde daté du 8 janvier 2008 :

« Aujourd’hui, ils sont en prison et nous voulons vous convaincre de les renvoyer au plus tôt en France. Vous en avez le pouvoir, sans pour autant vous immiscer dans le cours de la justice »

Nous avons rencontré, le samedi 5 janvier, Marc Dandois le frère de Thomas et Sébastien Camicas, ils venaient tout juste de mettre en ligne sur le site de soutien aux journalistes et à leur chauffeur, une pétition pour la liberté de Pierre, Thomas et Al Hassane.

Lors de sa conférence de presse du 8 janvier 2008, Nicolas Sarkozy a évoqué leur situation par cette simple phrase :
«Ce n’est pas parce qu’on est journaliste qu’on peut faire n’importe quoi», merci pour eux…
A noter que ce dimanche 13, une marche de soutien aura lieu au trocadéro à 17 heures.

Jean Sebastien Desbordes

Images : Joseph Haley


Le site solidarité pour Pierre, Thomas & Al Hassane :

http://pierre.thomas.alhassane.info/index.php/