PIPOLITIQUE

Comment faut-il comprendre la volonté de Cécilia Sarkozy de faire interdire la publication d’un des trois ouvrages qui lui sont consacrés et qui doivent sortir quasiment en tir groupé dans les prochains jours ?

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Le livre visé par la procédure, et sur lequel le tribunal de Paris doit prononcer son référé d’ici demain vendredi, est celui d’une journaliste du Point, Anna Bitton.

Proche de longue date de l’ex first lady, elle a recueilli en confidente ses propos sur de nombreux sujets, propos qu’elle semble aujourd’hui désavouer. Il faut dire que ces révélations, commentées avec celles contenues dans les deux autres ouvrages par Claude Askolovitch dans le Nouvel Observateur, ont de quoi faire parler.
Personne n’y est épargné, pas même la principale intéressée. Mais est ce son portrait en riche pleurnicharde déconnectée de la réalité qui dérange Cécilia ou les propos dévastateurs qu’on lui prête sur son ex mari ? La charge contre le président est rude. Beaucoup d’attaques personnelles (« Nicolas est un sauteur », « un pingre », « un homme qui n’aime personne, même pas ses enfants ») qui seront immanquablement reprises partout.

L’essentiel est pourtant ailleurs, et pas seulement dans le seul livre d’Anna Bitton. Ceux des tandems Yves Derai-Michael Darmon et Denis Demonpion-Laurent Léger contiennent eux aussi leur lot de descriptions au vitriol des coulisses du pouvoir et de révélations sur un certain nombre d’affaires ayant occupé la scène médiatique – tant people que politique – ces derniers mois. Point d’orgue, le récit héroïque que fait Cécilia de son équipée libyenne est particulièrement savoureux. Elle se voit en James Bond féminine quand sa fine connaissance du dossier et de la région fait plus penser à OSS 117 : « Je suis arrivée, je les ai prises, je suis partie, j’ai fait le plus grand casse du siècle. » « Je ne suis pas passée sur Terre pour rien. J’ai sauvé, seule, six vies humaines.» Effectivement, elle n’a peur de rien. Le Président a du regretter de ne plus pouvoir mandater au Tchad sa diplomate de choc après sa promesse de ramener en France les membres de l’Arche de Zoé. Peut être aurait-elle appliqué la même méthode qu’en Libye, où, aux dires de Derai et Darmon, elle a lancé aux policiers de son escorte : « C’est le moment de prouver que vous en avez ! », avant que « les bodyguards [ne fassent] sauter les verrous des cellules de Djoudeida avec leurs armes de poing ». On imagine d’ici la scène, et la couverture du SAS.
Très prompte à communiquer après son divorce d’avec le Président, Cécilia Sarkozy semblait avoir depuis disparu des unes de magazines. Cette sortie groupée, et le bruit que ne va pas manquer de déclencher la demande de suspension de publication du livre d’Anna Bitton, marquent son grand retour, voulu ou non, sur la scène « pipolotique ».

Joseph Hirsch

Joseph Hirsch