Les scénaristes français se mobilisent pour soutenir leurs homologues américains qui poursuivent une grêve dure pour défendre leurs droits d’auteur.

Mercredi 28 novembre,14 heures…
Le bus à impériale s’élance dans un tour de Paris – et en musique, s’il vous plait ! L’Union Guilde des Scénaristes organise, avec ses quelques 200 scénaristes affiliés. C’est une action de soutien à la grève des scénaristes américains : plus de 3 semaines déjà, et des séries comme Lost, Heroes ou Desperate Housewives bloquées ! Le but, leur faire parvenir une carte postale de Paris, de solidarité. Mais c’est aussi l’occasion, pour les auteurs français, qui n’ont pas le pouvoir de leurs confrères d’outre-atlantique, d’exprimer leur sentiment, qu’il est urgent d’agir pour la défense de la création audiovisuelle française en particulier.
France-US : même combat!

Ce qui les rapproche des auteurs US, c’est l’envie de clamer fort que l’heure est venue pour un rééquilibrage du rapport de force entre créateurs et financiers. En particulier en ces temps de développement de nouveaux médias et donc de nouveaux revenus pour les productions. Et autant du point de vue du statut que du pouvoir à l’intérieur de la chaîne de la création. Des arrêts photo sont prévus devant les monuments de la capitale. Au passage, nous parlons de la « crise de la fiction française », de la révolution en cours, des mentalités, en particulier concernant les moyens de relever les défis posés par la concurrence américaine !
Mais au delà, c’est tout de même cette inquiétude plus hexagonale, qui s’impose. Pour eux, la production audiovisuelle française serait menacée d’une dérégulation qui pourrait lui être fatale. Il faut dire que, depuis le 21 novembre, avec la réunion (« De l’exception culturelle à l’exécution culturelle ? ») au Cinéma des Cinéastes, à Paris, un mouvement s’est lancé. Ce jour-là une vingtaine d’organisations d’auteurs, producteurs, scénaristes, techniciens, artistes interprètes débouchent sur l’idée d’interpeller le premier ministre François Fillon au motif que tous, rarement aussi unis, sont « profondément inquiets des orientations de la politique audiovisuelle du gouvernement et de l’entreprise de dérégulation qui semble s’engager ». La crainte, c’est celle d’une disparition du système protégeant la création télévisuelle française par le moyen d’obligations d’investissement faites aux diffuseurs (les chaînes). Cette crainte repose sur le report de l’application du décret Tasca (voté à l’unanimité le 5 mars 2007 dans la loi sur la « télévision du futur » par les députés et sénateurs), au départ prévue pour le 1er janvier 2008. Ce décret étant conçu pour contraindre les chaînes d’investir plus dans certains genres (la fiction, le documentaire et le dessin animé) plutôt que dans les divertissements ou les magazines, considérés comme des genres mineurs, productions de flux, telles celles d’Endemol… Ces obligations pèseraient à 85 % pour TF1, 95 % pour France Télévisions et 85 % pour M6 avec une montée progressive sur cinq ans, mais pour le moment elles sont ajournées.

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Journal Le Monde 23/11/07 :
« Les craintes d’une éventuelle dérégulation du secteur audiovisuel ont été alimentées par la divulgation de deux notes confidentielles émanant d’analystes financiers de la Société générale le 2 novembre et de la banque américaine Goldman & Sachs le 19 novembre. Celle-ci signale entre autres que « des changements réglementaires importants dans les mois qui viennent » constituent « un facteur positif pour TF1 et M6. Ce changement de dérégulation pourrait avoir un impact positif de 2,7 euros sur le cours boursier de TF1 ». »

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A 16 heures, sur l’esplanade du Trocadéro, à l’issue du tour en bus, c’est un rassemblement avec le renfort des autres métiers, réalisateurs, comédiens, producteurs… Eux aussi sont sur la défensive ! Ils craignent que, malgré ses engagements de candidat, le président de la République, ne pense plus aujourd’hui comme hier que « (…) la création a besoin d’aide si l’on ne veut pas que la loi du profit à court terme décide de tout » (discours au showcase 04/04/07) .

Karine Yaniv, Joseph Haley et Anthony Santoro
Pour en savoir plus :
http://www.larp.fr/article.php3?id_article=741&actu#