POLITIQUE

Congrès du « Mouvement Democrate » à Villepinte : François Bayrou apprécie l’humour d’une blonde…

Commençons par la fin. Ce deuxième jour du Congrès MoDem à Villepinte s’achève sous les acclamations chaleureuses d’une salle bondée, de plus de 3000 personnes, déjà conquises. Après une légère bousculade pour accéder au podium « présidentiel », je pose ma question à François Bayrou, qui gentiment (il connaît bien LaTéléLibre) va me répondre dans un éclat de rire sincère : « …c’est bien, vous, vous avez de l’humour ! ». Vous voulez savoir quelle est donc cette question qui a fait rire François Bayrou ? Mais avant, voici un aperçu de quelques instants choisis de ce congrès fondateur.

Les petites phrases de François Bayrou
Samedi 1er décembre. Un long débat a débuté vers 11h du matin concernant les 83 amendements sur les statuts du MoDem, proposés par les diverses commissions. Certains intervenants se permettent quelques remarques grinçantes. Le son aurait été coupé pendant une prise de parole au sujet d’un amendement précisément mis en place par l’intervenant. François Bayrou s’exprime immédiatement :« …on ne coupe pas le micro, ici, ça n’existe pas ! ».
Un peu plus tard, réponse appuyée à un « ancien UDF » : « Il n’y a que des adhérents, plus d’anciens ni de nouveaux. Il faut bien se mettre ça en tête dès maintenant ! » suivi de « …les demandes suicidaires sont proscrites, le suicide, on le laisse aux autres ».
A 15h20, avec plus d’une heure de retard sur le planning, les statuts de naissance du MoDem sont définitivement adoptés sous les applaudissements nourris.

Les 3 « R » : Rassemblement – Renouvellement – Refondation
Le débat va continuer sur des sujets d’actualités ‘chauds’ tels que les banlieues (avec le témoignage d’Ali Menzel, éducateur de quartier de Villiers-le-Bel), le pouvoir d’achat (avec Robert Rochefort, directeur du CREDOC) , le développement durable (avec Danielle Nocher) et l’indépendance de la presse (invité et témoin : Jean-François Kahn), le tout entrecoupé de réflexions diverses et politiquement plus ou moins correctes. Ainsi : « …nous avons aujourd’hui 3 députés et demi. Nous pourrions en avoir 170 en tenant compte d’un mode de vote plus juste ».
A ceux qui s’interrogent sur les récentes trahisons, François Bayrou rectifiera par ‘transhumance’ « Si on veut être à droite, il ne faut pas être au centre »… « Ils se sont éloignés, peut-être momentanément pour à tout prix s’enivrer des effluves de l’odeur des maroquins »… « Je trouve que les femmes sont plus courageuses que certains hommes »… « Je me battrais contre tout projet de fausse modification des institutions »… « Nous sommes dans une société d’inégalité croissante »… « Les inégalités se transmettent de génération en génération »… « Il faut réconcilier la France avec toutes choses qui ne sont pas du domaine de l’argent et de la réussite matérielle »
Aux questions posées se rapportant aux prochaines élections municipales, François Bayrou s’adresse à toutes les bonnes volontés de tous bords : « Venez avec vos bagages »… « Choisissons d’être des ‘entrants’ et non des ‘sortants’ »…

La grande émotion
Lors des interventions d’adhérents, celle d’un agriculteur avignonnais sera particulièrement poignante. Au bord des larmes, il explique son désarroi et son désespoir devant le pouvoir des centrales d’achats et de leurs prix imposés au plus bas. Une des morts à petit feu pour les ruraux et leur pouvoir d’achat ou leur raison de vivre, tout simplement.

Les traitres
Ambiance. Le Maire de Caen est venu parler des amis, des anciens amis… Il osera cette petite phrase assassine : « Lorsque que l’un de nos amis s’en va, on dit souvent qu’il est parti trop vite mais ici au contraire, il faudra dire qu’il n’est pas parti assez vite ». Allusion à… ? Quant à Olivier Henno, maire de Saint-André (dans le Nord), il conseille dorénavant de suivre le prochain feuilleton ‘Plus belle ma ville’ par Marielle de Sarnez (candidate à la Mairie de Paris) et de zapper « La marche du traître » de Jean-Marie Cavada.

Les journalistes
Quelques moments seront plus houleux lors du discours dissident de Frédéric Barra, candidat refoulé à la Présidence du MoDem qu’il expliquera par manque de temps et de préparation. François Bayrou ne manquera de préciser une fois de plus que tout le monde peut s’exprimer au MoDem, même ceux qui ne sont pas d’accord.
Il est presque 19h30. Arrive le tour de Jean-François Kahn (directeur du magazine Marianne). Se posant la question sur la façon de s’adresser à l’assistance : citoyens, citoyennes ? ou camarades ? il choisit « Chers amis… » soulignant avec vigueur son soutien aux journalistes qu’il estime de plus en plus oppressés, muselés, dirigés. A cette occasion, je me permets de me souvenir ne pas l’avoir vu ni à la réunion des SNJ le 8 octobre, ni à la manifestation des journalistes le 5 novembre. Il devait sûrement être occupé ailleurs, comme beaucoup d’autres médias ces jours-là. A remarquer, la prise de parole d’un journaliste du service public (eh oui, il y a des courageux) qui brandira sa carte de presse et sa carte Modem, voulant témoigner ainsi que les deux ne sont pas incompatibles. Du reste, les applaudissements feront presque exploser les Vu-mètres ! Tous les journalistes (il en reste moins d’une douzaine à cette heure-ci) , placés ensemble sur le côté ‘Réservé Presse’ applaudissent de concert.

François Bayrou annonce la fin de la séance et c’est alors que, quittant les tables du carré ‘réservé Presse’ je vais enfin pouvoir lui poser cette question qui me taraude depuis le début, également confortée par la démonstration de notre confrère du service public. Je me faufile, en évitant de bousculer les congressistes-chercheurs (d’autographes et de dédicaces) et arrive à me placer devant François Bayrou qui me serre cordialement la main.
– Monsieur Bayrou, j’ai une petite question à vous poser…ça ira vite.
– Oui, bien sûr.
– Pouvez-vous me dire, lorsqu’un journaliste est encarté MoDem, où doit-il s’asseoir dans la salle ? côté congressistes ou côté journalistes ?
La réponse, vous la connaissez, il faut relire le début.
Sachez que j’ai posé la même question (essentielle voire quasi existentielle) à Marielle de Sarnez qui m’a répondu dans un large sourire par un très démocratique « …où vous voulez ! ». Et merci à Raymond Pronier, de la Commission Gouvernance, pour son accueil. Au fait, et si on les mettait au centre, tout simplement, les journalistes encartés ?

Margot Deschamps (journaliste blonde)

NDLR: A LaTéléLibre, nous sommes pour que les journalistes choisissent leur place eux mêmes…


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