Pour la première fois dans l’histoire de la cinquième République, une femme de Président a joué un rôle prépondérant dans le règlement d’une crise internationale. Si la majorité souhaite attribuer un rôle constitutionnel à Cécilia Sarkozy, l’opposition voit son intervention en Libye d’un mauvais œil.

Après celui d’organisatrice hors paire des déplacements du candidat à la présidentielle, Cécilia Sarkozy a enfilé le costume de super négociatrice.

La première dame de France a fait une entrée fracassante sur la scène internationale, à la manière d’une Hillary Clinton. En envoyant sa femme en Libye pour favoriser la libération des infirmières bulgares et du médecin d’origine palestinienne, Nicolas Sarkozy a confirmé l’américanisation du rôle de Président.
Cette intervention, pour le moins inattendue, a suscité nombre de réactions de la part de l’opposition. Le député Verts de Gironde, Noël Mamère, a réagi avec virulence en soulignant que « dans une République, on ne doit sa légitimité qu’au suffrage universel ».
« Si c’est une affaire humanitaire, alors il n’est pas illogique que Mme Sarkozy soit là, parce que ce pourrait être le rôle de la première dame de France, a déclaré Pierre Moscovici, député socialiste du Doubs. Mais si c’est une affaire politique, alors, là, on entre dans une méthode diplomatique que je réprouve totalement. »
Dans les rangs de l’UMP, on réclame plutôt une modification des institutions pour que Cécilia Sarkozy puisse jouer un rôle différent des précédentes premières dames. Patrick Devedjian, député des Hauts-de-Seine, compare même la situation à une monarchie, dans laquelle l’épouse du monarque a « une place institutionnelle ».
Mais qu’en était-il des autres premières dames de la cinquième République ?
Yvonne de Gaulle était, elle, vraiment très discrète.
Ensuite, Claude Pompidou, de 1969 à 1974, avait joué un rôle pour une cause bien précise à laquelle elle s’intéressait énormément : l’art contemporain.
Lui succédant, Anne-Aymone Giscard d’Estaing changea véritablement la vision de « First Lady ». Elle fut la seule, en 1976, à souhaiter une bonne année aux Français aux côtés de son mari, lors des vœux télévisés.
Quant à Danièle Mitterrand, à partir de 1981, elle prit position personnellement dans la lutte pour améliorer les conditions du tiers-monde, un rôle inédit sur la scène internationale.
Vint ensuite la discrète mais active Bernadette Chirac, de 1995 à 2007. Son rôle était nettement plus politique que ses précédentes comparses, notamment en tant que conseillère générale de Corrèze. La quête des Pièces Jaunes, en compagnie de David Douillet, participa énormément à sa réputation de femme de Président active. On retiendra que c’est elle, et ce toujours dans l’ombre, qui a contribué à la réélection de son mari .
Finalement, Cécilia Sarkozy est la première à jouer un véritable rôle sur la scène politique internationale, un rôle de négociatrice.
Au point de lui rendre la carte bleue qui lui a été retirée début juillet ? Le débat est ouvert…
Martin Baumer