Un « Tout Sauf Ségo » se serait-il installé dans les esprits socialistes ? L’ex-candidate à l’élection Présidentielle s’est, en tout cas, attirée les foudres d’un bon nombre d’élus du parti. Visiblement, la hache de guerre est déterrée.

Elle l’a assez répété durant sa campagne pour que l’on finisse par la croire : Ségolène Royal veut être une femme libre. Une liberté qu’elle revendique plus que jamais désormais avec un désir d’émancipation du PS qui ne plaît guère. La socialiste semble avoir compris qu’elle avait tout intérêt à surfer sur la vague des présidentielles, à profiter de la cote de sympathie dont elle dispose auprès des militants. Mais le temps joue en défaveur de son ambition personnelle. C’est pourquoi elle souhaite une consultation des militants avant le congrès prévu en novembre 2008. Par ailleurs, elle n’a pas hésité à se pré-déclarer candidate à la présidentielle de 2012 en affirmant, sur France 2, que sa présence au scrutin serait « probable ». « Bien évidemment, j’ai envie de continuer, a-t-elle ajouté, mais les militants socialistes le décideront. »
De leur côté, les strausskhaniens se persuadent, au contraire, que le temps est leur meilleur allié. « Ca paraît bien tôt, la candidature de Ségolène Royal est rapide » affirme sans surprise Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss Kahn. Tout est bon pour gagner du temps. Cela ressemble à une partie de poker. L’ancienne députée de Poitou-Charente semble, quant à elle, calquer sa stratégie sur celle de Nicolas Sarkozy, mise en place depuis 2002. Se déclarer très tôt, imposer rapidement sa candidature dans les esprits pour, naturellement, se retrouver sans opposant dans sa course à l’investigation.
Cambadélis, le député du 19ème arrondissement de Paris partage toutefois les critiques de l’ex et « probable »
future candidate : « Le SMIC à 1500 € a été une erreur. On a combiné deux inconvénients. » Lors du congrès du Mans, en novembre 2005, le PS était apparu plus fort en effectuant une synthèse des motions majoritaires, parmi laquelle celle de Laurent Fabius. Pourtant, l’analyse post présidentielle permet de douter de l’intégration au projet socialiste de cette mesure imposée par l’ancien Premier ministre. « Hollande avait proposé un compromis en intégrant au programme le SMIC à 1500 € non pas tout de suite, mais dans 5 ans.
Le Parti Socialiste ne tranche pas. Le prix de la synthèse, c’était ça. Pour que les militants s’y retrouvent, il aurait fallu soit proposer le SMIC à 1500 € tout de suite, soit ne pas le proposer du tout. On était contre cette mesure. » Jean-Christophe Cambadélis explique cette émancipation soudaine de Ségolène Royal par le fait qu’elle « s’intègre dans la décrispation d’après la présidentielle ». Une démarche « positive » selon lui, qui n’est pas forcément partagée au sein du parti.

« Un spectacle peu brillant »

Visiblement, après les récentes déclarations de Ségolène Royal, affirmant que certaines idées du projet « n’ont pas été du tout crédibles », le malaise au PS se fait ressentir. Le « tout sauf Ségo » fait son chemin. Certains cadres du parti de la rose contacté au téléphone comme Dominique Strauss Kahn, Vincent Peillon, Pierre Moscovici ou Arnaud Montebourg ont, non sans gêne, refusé de nous répondre sur ce point. Ce dernier jugeant quand même « le spectacle peu brillant ». Cependant, le plus virulent dans ses propos à l’encontre de Ségolène Royal a été Jean-Luc Mélenchon. Le fabiusien a fustigé la critique en affirmant sur RTL que « nous sommes dans le domaine de la pure et simple provocation consternante ». Les clans et les tensions, qui paraissaient enterrés au PS afin de former une unité en vu des différents scrutins, ressurgissent les législatives achevées. « Est-ce que ça signifie que si elle avait été élue, après les avoir promis, elle ne les aurait pas appliqués ? » s’est indigné le sénateur de l’Essonne.
Le Parti Socialiste semble reparti dans une spirale d’innombrables querelles et revenu à la situation de 2005. « Le problème du PS, c’est qu’il est crispé » lâche Jean-Christophe Cambadélis. Les jalousies et les critiques hantent à nouveau le parti.
Ségolène Royal redevient la cible de nombreux cadres socialistes qui la voient maintenant comme une dissidente aux idées du PS. La situation ressemble étrangement à celle que vivait l’UMP du temps des confrontations entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. L’un a fait un temps l’unanimité auprès du parti, l’autre auprès des militants.

Martin Baumer