Vous venez de voter? Vous avez aussi payé 1,63 Euro, mais à qui? Suite aux nombreuses affaires de…

Vous venez de voter? Vous avez aussi payé 1,63 Euro, mais à qui?

Suite aux nombreuses affaires de financement occulte des partis politiques qui emmaillaient l’actualité des années 80 et 90, une nouvelle législation concernant ce financement a été mise en place à partir de 1988. À la veille des élections législatives, LaTéléLibre dresse un état des lieux.

Savoir qui sera majoritaire a l’assemblée n’est pas le seul enjeu du scrutin. Les élections législatives revêtent une importance toute particulière pour le financement des partis politiques.

Quelle est la loi ?
Chaque voix correspond à environ 1,60 euros distribué chaque année aux partis.

C’est donc chaque année 80 millions d’euros qui sont ainsi distribués. Cette somme se divise en deux fractions égales.
La première est réservée aux partis ayant présenté un minimum de cinquante candidats et obtenu au moins 1% des suffrages exprimés (à l’exception des Dom où jusqu’en 2003 une seule voix était suffisante). Les candidats doivent au préalable dès le dépôt de leur candidature en préfecture, indiquer à quelle formation ils souhaitent rattacher cette première fraction. Ce qui risque d’être problématique , vu les cafouillages de ces dernières semaines, au centre notamment…

Lors de la précédente législature (2002-2007), une voix a rapporté 1,63 euros( 40 millions divisés par le nombre total de voix) En 2006 par exemple l’UMP a reçu 9,7 millions d’euros pour 8,6 millions de voix obtenues. Le Parti socialiste 9 millions d’euros, Le Front National 4,5 millions, les verts et le Parti communiste 1,8 million chacun, et l’UDF un peu plus d’un million et demi.

Attention ça se corse!
L’attribution de cette première partie permet l’accès au second volet de ce financement: Une aide publique équivalant à 44 500 euros par an et par parlementaire (à laquelle peut s’ajouter 12 000 euros en cas de constitution d’un groupe). Ceux-ci se choisissent chaque année un parti à qui ils attribuent cette somme. Ce choix n’est pas rendu public.
Résultat, chaque année, depuis les législatives de 2002, l’UMP a touché 22,4 millions d’euros, le PS 10,9 millions, l’UDF 3 millions, le PCF, 1,8 millions au titre de cette deuxième fraction.

Cette situation plutôt trouble a pu conduire à ce genre d’aberration :

Le parti « Metz pour tous » du sénateur Jean Louis MASSON a présenté un candidat, un seul dans un département d’outre-mer. Le parti a donc touché 1,63 euros pour la seule voix qu’il a reçue dans les DOM, mais 88 000 euros grâce a la seconde fraction, puisque Jean Louis Masson, et un autre député se sont ralliés a ce parti pour le moins exotique pour un Lorrain. En 2003 le législateur a tenté de mettre fin a ce type de dérives. Il faut désormais 1% des suffrages exprimés pour recevoir des subventions, même dans les DOM.
Eric Aziere, en charge des investitures au Modem, pointe du doigt le coté « malsain » de ces « petites boutiques ». En effet, peu d’électeurs savent vraiment où va l’argent de leur vote.

L’attribution des fonds publics est controlée par les neuf membres de la Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques (CNCCFP). Cet organisme indépendant est à la fois chargé du contrôle des comptes de campagne et de la redistribution du financement public. Son président François Logerot revient pour la TéléLibre sur les modalités d’application de la loi sur les financements des partis politiques.

Du côté des partis, on ne minimise pas l’apport des aides de L’Etat. Jean Louis Frostin, trésorier du parti communiste, et Eric Aziere du Modem, que nous avons rencontré pour cette enquête, soulignent tous deux l’importance cruciale du financement public pour leurs partis et la vie démocratique. Les citoyens auront donc une lourde responsabilité dimanche. A qui accorderont-ils leur financement ?

Vous avez compris?..

Un sujet de Thomas Dorina et Jeremy Forni pour LaTéléLibre