Après Michel Rocard, il y a quelques jours, c’est Bernard Kouchner qui a fait de l’oeil au centre ce week-end dans une tribune publiée le 15 avril 2007, dans le Journal du dimanche (voir la tribune ci-dessous).
Notre correspondant José Alcala l’a croisé le jeudi 12 avril dernier dans l’Eure.
Kouchner rentrait de Los Angeles. Le matin, il tenait une conférence de presse à la mi-journée sur la franchise des remboursements de dépenses médicales, à la demande de Ségolène Royal.

Enfin, le soir, il était à Louviers pour soutenir la candidate socialiste. Bernard Kouchner est arrivé fatigué mais cela ne l’a pas empêché de passer une heure avec des jeunes militants de gauche et quelques journalistes, avant son meeting de 20h30. Images d’ambiance et interview de l’ancien ministre de la Santé. Et dans ses popos, on sentait déjà son attirance pour une alliance avec le centre et son désir de social-démocratie à la française.

Voilà sa tribune publiée dans le JDD.
« Assez de l’esprit sectaire ! »
Par Bernard KOUCHNER
« Je ne suis pas dans la manoeuvre politicienne, je ne l’ai jamais été. Et je n’imagine pas que Michel Rocard y soit, lui qui a plus apporté à la France et aux idées que tous ses détracteurs réunis. Ce qui me préoccupe, c’est la France et les réformes indispensables pour redonner à nos concitoyens le goût d’aller de l’avant.

Oui, nous devons réhabiliter le travail, oui nous sommes en appétit d’ordre et d’autorité. Ce n’est pas parce que Nicolas Sarkozy exalte ces thèmes avec succès que nous devons les nier. Plusieurs chantiers nous attendent, qui nécessitent le concours de tous: les retraites, la sécurité sociale, le travail, l’éducation, l’énergie, l’environnement, la recherche, l’immigration, la relance de cette Europe que nous avons abandonnée, notre rôle dans le monde, en particulier dans la lutte contre la pauvreté…

Seule une gauche social-démocrate rénovée, avec ses valeurs et ses méthodes, mais aussi de l’imagination, de la générosité et du rêve, peut en convaincre les Français. A l’instar de nos voisins européens, capables de réussir là où nous avons échoué jusqu’ici, cette gauche-là ne doit pas refuser l’alliance avec un centre rénové. Pour la première fois depuis trente ans, le parti de François Bayrou ne récuse pas la gauche réformatrice. Saisissons cette chance. J’ai suffisamment soutenu Ségolène Royal et travaillé avec elle pour savoir qu’elle peut orchestrer calmement cette indispensable mutation.

Je sais que les alliances ne se noueront qu’après le premier tour. Ce n’est pas ajouter à la confusion que de revenir dès aujourd’hui à l’essentiel, et de préférer aux calculs politiciens des convictions que tant d’entre nous partagent. Les professionnels de la politique adoptent parfois des postures qui retardent les mutations salvatrices. Les électeurs de dimanche prochain ne sont pas prisonniers des frontières du sectarisme. La France vaut mieux que nos certitudes vieillies et nos crampes partisanes. « 

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