Le ralliement d’Alain Soral à la candidature de Jean-Marie Le Pen a mis en avant une transformation importante de l’extrême-droite française. Avec cette alliance, Alain Soral qui s’autoproclame « agitateur politique depuis 1976, devient un acteur important de la sphère de l’Union patriotique lancée par jean-Marie Le Pen pour les prochaines élections.

S’étant fait remarquer lors d’une visite à Sciences-Po en décembre 2006 après avoir été invité puis « désinvité » lors du Salon des Dédicaces, suite à l’officialisation de ce soutien, certains le considèrent comme un avatar de la sphère rouge-brun, notion inventée dans les années quatre-vingt dix pour qualifier certains ralliements de marxistes à l’extrême-droite et au Front National. On pourrait penser à l’adhésion d’un autre sociologue, Jules Monnerot, à la fin des années quatre-vingt au parti, avant de s’en détacher en raison de la politique pro-irakienne lors de la première guerre du Golfe en 1991. Joint par téléphone le spécialiste de l’extrême-droite, chercheur associé à l’IRIS, Jean-Yves Camus nous a confirmé que cette sphère n’avait jamais réellement existé : on peine à citer suffisamment de personnes pour en faire un mouvement réel

Frère de l’actrice Agnès Soral, écrivain et sociologue qui a suivi les cours du philosophe Cornelius Castoriadis à la fin des années soixante-dix, marxiste qui a fait partie du PCF jusqu’à l’abandon du projet révolutionnaire. Républicain universaliste, il dit s’opposer à toutes les formes de communautarisme et a écrit plusieurs ouvrages sur la drague de rue, dont l’un a été adapté en film avec Thomas Dutronc, Confession d’un dragueur. Ce film a été un échec critique et commercial. Ses écrits de philosophie portent sur l’idéologie libérale libertaire du désir qu’il condamne.

Il semble que l’extrême-droite connaît de véritables transformations en apparence du moins : nous sommes passés d’une pure défense de l’identité française, dans un discours exclusif, et nationaliste à l’appropriation d’un discours social qui lui donne le rôle de parti tribun qu’avait le PCF avant lui. C’est ce que nous a affirmé Alain Soral lors de la conférence de presse qui a eu lieu le mardi 6 février 2007 : celui qui a voté pour Jean-Pierre Chevènement en 2002 se décrit comme un intellectuel communiste qui s’est engagé au FN en suivant les électeurs communistes qui désormais votent à droite, espérant apporter un caractère social au parti, caractère qui lui manquait et qu’il aurait dû avoir dès le début.

Nicolas Condom

Reportage réalisé par John Paul Lepers, Henry Marquis, Matthieu Daude et Julie Lalande

A venir : un dossier sur l’extrême-droite et le Front National.